Figures de l’Art, n° 18 : “L’Oeuvre en scène, ou ce que l’art doit à la scénographie”
Textes réunis par Claire Lahuerta
Les arts plastiques aujourd’hui répondent de plus en plus pertinemment à la demande d’anti-conformisme des publics, aux besoins d’extrême, au désir d’évasion. Les oeuvres ne sont plus seulement présentées, mais souvent réellement mises en scène, dans un cadre qui lui-même fait oeuvre, de sorte que le spectateur se trouve pleinement immergé dans une proposition environnementale, quand bien même la pièce n’est pas une installation.
Ancré dans les savoir-faire issus du théâtre, l’art de la scène injecte à la sphère plasticienne des compétences extraordinaires, où le son, la lumière, le parcours du spectateur, la gestion des flux, donnent une épaisseur particulière à la pièce proposée. Théâtralité, mise en espace, jeux de scène, son et lumière, autant de termes qui profilent des oeuvres transversales, entre une scène autrefois dédiée au seul théâtre et celle, académique elle aussi, consacrée à l’exposition.
Alors que les arts eux-mêmes se décloisonnent, dans leurs formes, chaque dispositif créateur semble glisser et se fondre vers des spécialités voisines : ainsi en est-il de la danse et de la performance, de l’installation et du théâtre, du chant et de la poésie sonore, de la peinture et du décor, du design plasticien et de l’accessoire. Et dans ce glissement, l’oeuvre polymorphe entraîne avec elle des potentialités décuplées, absolument fécondes, et tout à fait actuelles.
Ce sont ces nouvelles spécialités que le numéro 18 de Figures de l’art propose de mettre en lumière, en interrogeant ce que la scénographie fait à l’oeuvre, et ce, qu’en retour, l’oeuvre impulse à la scénographie : penser ces entre champs, ces passerelles et ces techniques, grâce au décryptage aigu et à la poésie incisive des mises en oeuvre vagabondes.
SOMMAIRE
— AVANT-PROPOS
Claire Lahuerta (Université Paul Verlaine / Metz)
La scénographie d’exposition :
l’espace de l’art entre mise en scène et mise en oeuvre. . . . . . . . . . . 13
— GÉNÉALOGIE SCÉNOGRAPHIQUE : LA PART DU THÉÂTRE
Chantal Guinebault (Université Paul Verlaine / Metz)
Fondements de la scénographie moderne :
étymologie, histoire et esthétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Chantal Guinebault (Université Paul Verlaine / Metz)
Vagues et résonances dans la scénographie d’exposition :
l’approche de Raymond Sarti
suivi de : Entretien avec Raymond Sati. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Natacha Lafond (Ancienne élève de l’ENS Fontenay / Lyon)
Les Opéras de Klaus Michael Grüber :
la scène et le peintre Gilles Aillaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Virginie Pouzet-Duzer (Pomona College, CA / USA)
Le Surréalisme en 1947 : scénographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
— INFLUENCES SCÉNOGRAPHIQUES :
LES RAYONNEMENTS DE LA MISE EN SCÈNE
Sandrine Morsillo (Université Paris 1 / Panthéon Sorbonne)
L’exposition d’art et l’expérience théâtrale :
scénographie et mise en jeu des spectateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Ondine Bréaud-Holland (École Supérieure d’Arts Plastiques / Monaco)
La scénographie comme territoire de l’art
ou “l’impossible” ontologie du plateau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Laure Fernandez (Université Paris 3 / Sorbonne-Nouvelle)
L’espace dramatisé de l’installation vidéo :
The Chittendens de Catherine Sullivan,
une autre scène pour le théâtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Chrisophe Bardin (Université Paul Verlaine / Metz)
L’ensemble et l’ensemblier,
une nouvelle scénographie des arts décoratifs . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
— SCÉNOGRAPHIE D’EXPOSITION : OEUVRER EN SCÈNE ?
Anita Durand (Genève)
Quelle conservation-restauration pour les oeuvres éphémères
et/ou performatives ? Ou la place du scénographe . . . . . . . . . . . . . 123
Louise Déry (Université du Québec / Montréal)
Faktura ou le comment faire de l’exposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
Michelle Debat (Université Paris 8)
L’espace à l’oeuvre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Danièle Méaux (Université Saint-Étienne)
La mise en oeuvre de la photographie
dans les dispositifs de type scénographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
— PHÉNOMÉNOLOGIE SCÉNOGRAPHIQUE,
L’ESPACE COMME AFFECT
Agnès Lontrade (Université Paris 1 / Panthéon Sorbonne)
Du plaisir des oeuvres à la scénographie du plaisir . . . . . . . . . . . . . 173
Izabella Pluta (Université de Lausanne)
Scénographie bio-mécatronique dans le travail performati
de Marcel.lí Antúnez Roca. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Céline Schmitt (Université Toulouse 2 / Le Mirail)
La scénographie, de l’espace au regard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
Anaïs Lelièvre (Université Paris 1 / Panthéon Sorbonne)
Mettre en scène l’espace public : distancier ou habiter ? . . . . . . . . . 209